Ómorphi en français

Élève de terminale, Michael Sattler mène une vie de rêve. C'est un athlète vedette accompli, il a de bons amis, et des parents qui l'aiment exactement comme il est. La seule chose qui manque à sa vie, c’est un petit ami. C'est un problème parce qu'il n'a avoué son homosexualité qu’à ses parents et à son meilleur ami. Lorsqu’il heurte accidentellement Christy Castle à l'école, sa vie change d'une façon qu'il n'aurait jamais pu imaginer. Christy est l'homme de ses rêves : intelligent, beau, et sexy. Cependant, rien n'aurait pu préparer Michael à ce qu’entraînerait le fait d’être le petit ami de Christy.

Christy a besoin de se reconstruire après des années d'abus, et il sait qu'il a besoin d'aide pour le faire. Après la mort de son père tristement célèbre, il quitte sa Grèce natale et s'installe dans l'État de New York. Seul, effrayé, et incapable d'utiliser sa voix, Christy cache la myriade de cicatrices de sa maltraitance. Il veut désespérément être aimé et lorsqu’il rencontre Michael, il ose espérer que ce jour est enfin arrivé.

Lorsque l'un des coéquipiers de Michael devient un ennemi, et qu’un des agresseurs du passé de Christy cherche à le ramener à une vie d'esclavage, seules leurs forces combinées et leur détermination inébranlable pourront les sauver de la violence qui menace de détruire leur avenir ensemble. À Amazon

Όμορφη
Όμορφη. Ómorphi. du Grec voulant dire joli.
Joli. adj /ʒɔ.li/ Qui a de la grâce, de la délicatesse

Pour tous ceux qui endurent,
Puissent votre liberté et votre bonheur


S’amplifier à chaque instant de chaque jour.

CHAPITRE UN

Neuf mois plus tard…
État de New York
Mars 2012


Michael survola le dernier obstacle, franchit la ligne d’arrivée et sauta en l’air.
— Wou-hou ! Je l’ai eu, mec !
Jake vérifia son chronomètre.
— Je n’y crois pas ! Tu l’as fait en 13.98 secondes !
Il cogna joyeusement son poing contre celui de Michael.
Michael se pencha et, les mains sur les genoux, chercha à reprendre son souffle. Dieu, que ça faisait du bien de courir ! Ça lui donnait l’impression d’être sacrément libre.
— J’ai finalement réussi à passer sous la barre des 14 secondes !
Il traversa la piste, prit une bouteille d’eau dans son sac, l’ouvrit et laissa l’eau couler sur lui.
— Tu as encore du chemin à faire, mec. Tu dois descendre sous les 12.87 secondes pour battre le record du monde du 110 mètres-haies.
Des gouttelettes volèrent lorsque Michael secoua ses cheveux châtains et Jake lui jeta une serviette. Il l’attrapa et lui envoya la bouteille vide avant d’en prendre une autre.
— Je n’y arriverai jamais. Mes jambes ne sont pas assez longues.
Il s’assit sur le banc et prit de grandes gorgées d’eau.
Jake s’assit à côté de lui et agrippa son épaule.
— Ne bois pas si rapidement, bon sang ! Ce n’est pas bon pour toi.
— Ouais, ouais…
Michael étira ses jambes devant lui, l’énergie et l’effort résonnaient encore dans ses membres.
Le regard de Jake balaya les gradins.
— Il est encore là.
Michael essuya l’humidité de son visage.
— Qui ?
— Tu sais qui. Garçon Muet.
Michael roula en boule la serviette et la jeta à Jake.
— Ne l’appelle pas comme ça. Son nom est Christy.
— C’est quoi comme origine ce nom-là ?
— C’est joli, en tout cas.
— Il est bizarre.
— Il est joli garçon.
Jake aboya de rire et secoua la tête.
— Je suis ton meilleur ami, mec, mais tu me tues avec ce genre de discours homo.
— Je n’y peux rien.
— C’est comme si tu avais le béguin pour lui ou quelque chose comme ça.
— C’est le cas. Depuis deux mois.
— S’il te plaît, dis-moi que tu plaisantes ?
— Nan.
— Michael, ce gars est trop bizarre. Il ne parle pas, il te suit partout comme un chiot perdu. Sérieusement, il te surveille. Comme s’il te collait.
— Peut-être qu’il me trouve sexy.
Jake renifla.
— Je déteste devoir casser ton image, mec, mais tu es aussi laid qu’un pou.
— Oh, ce n’est pas vrai ! La moitié des minettes de l’école me trouvent à tomber.
— Je peux très rapidement t’arranger ça.
La menace implicite aurait dû mettre Michael en colère, sauf qu’il savait bien que Jake ne lui ferait jamais rien. Il se contenta d’en rire.
— D’accord, tu as raison. Je ne te forcerai jamais à faire ton coming out. Et si tu choisis de le faire un jour, tu sais que je te soutiendrai.
Michael passa un bras autour du cou de Jake et l’embrassa sur le côté de la tête.
— Je sais.
Jake le repoussa de façon ludique.
— Lâche-moi, le gay !
— Sois reconnaissant que je n’aie pas embrassé tes lèvres !
Jake secoua la tête, avec bonne humeur et fausse consternation.
— Faut toujours que tu pousses.
Michael redevint sérieux.
— Tu sais que je joue juste avec toi, hein ?
— Ouais, mais tu as une sacrée chance que je sois ton meilleur ami. Un autre gars aurait paniqué.
— Continue de parler comme ça et je vais t’obliger à m’emmener au bal de promo.
— La ferme !
Michael prit sa plus belle voix de fausset pour imiter Scarlett O’Hara.
— Oh, Jake, s’il vous plaît, emmenez-moi au bal ! Je ne vous pardonnerai jamais si vous ne le faites pas ! Il le faut absolument !
Jake lui envoya un coup de coude dans les côtes.
— Ouille ! Tiens, au fait, qui comptes-tu emmener ?
— Comme si tu avais besoin de demander.
— Est-ce que tu sens ça ?
— Quoi ?
— Je t’ai eu !
C’était au tour de Jake de devenir sérieux.
— Penses-tu qu’elle va paniquer si je lui demande de m’épouser tout de suite après l’obtention du diplôme ?
Michael voulut crier après Jake. Lui dire que Becca n’était pas celle qu’il lui fallait ; lui dire qu’il pouvait trouver bien mieux. En fait, il voulait carrément avertir Jake qu’à son avis, Becca était une garce.
— Pourquoi si vite ?
— Mon père veut que je sois fiancé avant de commencer Columbia. Tu sais comment il est. Il veut que je me concentre sur l’école, pas à courir les filles. Il est vieux jeu à ce point.
Aucune pression, pensa Michael avec amertume. Il déglutit difficilement et essaya, par amour pour Jake, de trouver quelque chose de positif à dire sur Becca.
— Vous allez tous les deux à Columbia, l’année prochaine : vous naviguez dans la même sphère sociale avec une égale quantité d’argent astronomique et vous êtes tous les deux magnifiques. Vus de l’extérieur, vous êtes comme le prochain couple royal. Je ne pense pas qu’elle paniquera. L’important, c’est de savoir si elle t’aime.
Jake se leva du banc et commença à emballer ses affaires.
— Elle dit que c’est le cas.
Michael prit une autre bouteille d’eau et lança sa serviette dans le sac avant que Jake tire sur la fermeture éclair.
— J’entends un « mais »…
Jake haussa une épaule.
— Parfois, c’est comme si elle ne m’accordait aucune attention, comme si je faisais tapisserie.
— Parle avec elle.
— J’ai essayé. Elle me dit qu’elle m’adore. Puis nous couchons ensemble. Nous ne parlons pas.
— Dis-lui que tu veux parler.
Jake étudia le chronomètre pendant un long moment avant de l’emballer avec soin.
— Ouais, c’est ça.
— Tu es un type bien, Jake. Assure-toi qu’elle t’aime.
— Plus facile à dire qu’à faire.
— Je serai toujours là pour toi, mon pote.
— Ouais, mais je ne veux pas me marier avec toi.
Michael s’étouffa de rire alors qu’il buvait.
— Veux-tu dire que je suis inmariable ?
Jake fit une grimace.
— Est-ce qu’inmariable existe au moins ?
— Je viens juste de l’inventer.
— Techniquement, tu peux. De plus en plus d’États reconnaissent le mariage gay.
— Je doute que cela fasse partie de mon futur.
— Pourquoi ?
Michael releva les yeux vers les gradins, en direction de Christy.
— Je commence à me demander si ce que j’aime existe.
Jake termina l’emballage et s’assit de nouveau à côté de Michael.
— Dis-moi ce que tu aimes. En dehors de ce type, Andrej.
Michael se pencha en avant. Il posa les coudes sur ses genoux, se frotta les yeux avec les paumes de ses mains. Parler à son meilleur ami hétéro de son genre de mec… Enfin, de son prince charmant, c’était… trop bizarre.
— Je ne peux pas dire à un hétéro ce que j’aime chez un homme.
— Mon pote, je sais déjà que tu aimes les queues. À moins que tu me dises être dans les pratiques sataniques ou avoir des tendances cannibales, je pense que je peux tout gérer.
Michael éclata de rire.
— Peu importe.
— Dis-moi ce que tu aimes, le pressa Jake.
Michael laissa échapper un long soupir.
— Tu veux vraiment le savoir ?
Jake l’épingla de ses yeux sombres.
— Ouais, je veux.
Michael passa une main dans ses cheveux humides.
— Bon, très bien.
Il essaya de trouver les mots, mais ils tournèrent dans son esprit, emprisonnés derrière un mur d’embarras peu familier.
Jake l’étudia, les yeux emplis d’humour.
— Je ne crois pas t’avoir jamais vu à court de mots.
— Allez, mec, c’est gênant.
— Sois tranquille, mon pote. Je vois bien ce que tu regardes, alors voyons si j’ai tout juste… Tu ne cherches pas ton contraire : paresseux, flamboyant ou pleurnichard. Les minets mélodramatiques ne sont pas ton truc. Physiquement, tu les aimes petits, presque délicats, mais pas minces. Tu veux qu’il y ait de la substance. À mon avis, tu ne veux pas avoir l’impression que le gars va se casser lorsque tu le tiens. Et tu aimes la grâce, les mouvements fluides, sans qu’ils soient trop féminins. Tu les préfères timides, pour que tu puisses les prendre en charge, mais tu les aimes aussi sophistiqués, pour pouvoir communiquer. Tu veux quelqu’un qui soit à l’aise en étant gay. Plus que tout, tu veux de la gentillesse et de l’honnêteté. Quelqu’un qui sait qu’un sourire ne coûte rien. Et je peux ajouter, je suppose, que tu aimerais quelqu’un de joli. Des cheveux bouclés seraient l’essentiel, mais les yeux sont plus importants pour toi. Ensuite, tu étudies la structure du visage, les pommettes, la courbe de la mâchoire, le creux du cou. Tu regardes les lèvres bouger. Tu aimes la qualité. C’est difficile à expliquer. C’est comme de la dentelle, peut-être... Tu ne veux pas d’un truc fait à la chaîne que tu peux trouver dans n’importe quel magasin, mais celle faite à la main et qui résiste au temps. Robuste, mais raffinée, et avec un esprit vif. Et tu veux un homme qui embrasse bien. Les baisers sont importants pour toi.
Michael le regarda, stupéfait.
Jake sourit devant son expression.
— Ai-je oublié quelque chose ?
Michael continua de le fixer.
— Dis quelque chose, mec.
— Tu n’as pas raté le moindre détail ! Merde !
Jake leva la main en l’air pour un tope-là et Michael claqua sa paume.
— Comment as-tu pu comprendre tout ça ?
Michael jouait avec l’étiquette de sa bouteille d’eau, il ne s’était jamais senti aussi exposé.
— Nous nous connaissons depuis le jour de notre double éclosion, mon pote.
— Tu en sais plus sur moi que moi-même.
— Je fais attention à ce qui se passe autour de moi. Ce que tu devrais faire plus souvent. Dis-moi pourquoi tu aimes Christy. En dehors du fait que tu penses qu’il est joli.
Michael jeta un coup d’oeil par-dessus son épaule. Christy était assis sur le gradin le plus haut, le plus éloigné, le regardant parler avec Jake.
— Il ne partira pas avant que tu t’en ailles, dit tranquillement Jake.
Michael se retourna, releva un sourcil, l’air interrogateur.
— Tu le gardes à l’oeil ?
Jake haussa les épaules.
— Pas besoin. Où que tu sois, il est là. J’ai trouvé ça bizarre, alors je me suis renseigné.
— Tu as vérifié ?
Jake soupira.
— Dans la mesure du possible. Personne ne sait rien de lui, sinon qu’il s’est installé au Ranch Wellington l’été dernier. C’est un sénior. Il est très intelligent et travailleur. Il passe beaucoup de temps dans la salle d’art de Monsieur Cooper. Et il est dispensé de gym, personne ne sait pourquoi. Et il porte toujours un foulard ridicule autour de son cou.
Michael dévisagea Jake à nouveau.
— Quoi ?
— Tu t’inquiètes pour moi, mon pote ?
Jake fit un vague geste de la main.
— Tu es mon meilleur ami. Depuis que tu as fait ton coming out devant moi, je te surveille, c’est tout. Je ne veux pas qu’il t’arrive quoi que ce soit.
Michael regarda l’ami qu’il avait depuis le jour de sa naissance. Pratiquement, le frère qu’il n’avait jamais eu.
— Ne le prends pas mal, mais je t’aime, mec.
Jake sourit.
— Pareil pour moi.
— Le Ranch Wellington, c’est bien pour les enfants en difficulté, non ?
— En difficulté…
Jake pinça les lèvres.
— Quelle manière politiquement correcte de le dire, surtout venant de toi. C’est un centre pour enfants maltraités et négligés.
Les yeux de Michael s’étrécirent sur Jake.
— Quel genre de maltraitances ?
— Est-ce important ?
— Je suppose que non. Tout abus est mauvais. Alors, tu ne sais pas de quel genre ?
Jake donna à Michael un long regard, inquiet.
— Crache le morceau, Jake.
— Le ranch Wellington fait partie des clients de mon père, donc je ne devrais pas t’en parler… D’après la paperasse que j’ai vue sur son bureau, ces enfants ont été maltraités à plus d’un titre : verbalement, émotionnellement, physiquement, sexuellement… Ils ont été affamés, laissés sans soin… ce genre de choses. Et ils sont généralement plus jeunes que nous.
Les yeux de Michael parcoururent les gradins pour se poser à nouveau sur Christy. Les longues boucles blondes flottaient dans la brise tandis qu’il regardait au loin. Sa posture était parfaite, presque royale. La seule pensée que quelqu’un puisse vouloir blesser Christy, particulièrement en ce sens, emplit Michael d’une angoisse si forte que sa poitrine se serra. La nécessité de protéger Christy fut soudaine, vitale, et lui était complètement étrangère. Ce qui le décida.
— Je vais aller lui parler.
Jake se mit à rire.
— As-tu oublié qu’il ne parle pas ?
Michael fut immédiatement sur la défensive.
— Et alors ?
Jake se leva.
— Écoute, peu importe, mec. Veux-tu que je reste ?
Michael sourit.
— Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? Tu agis comme une mère poule.
Jake ne sourit pas alors qu’il se penchait pour récupérer son sac.
— Rien de nouveau, Michael.
Le sourire de Michael s’effaça. Jake avait raison. Ce n’était pas nouveau. Il se releva, mit son sac en bandoulière sur une épaule et drapa son sweat-shirt autour de son cou.
— Merci, mon pote, dit-il en l’étreignant d’un seul bras.
— Tu as ton portable ?
— Ouais.
— Tu l’as dans ta poche ?
Un sourire tordit les lèvres de Michael.
— Il n’est pas plus gros qu’une boîte d’allumettes, Jake.
Son ami saisit le portable de Michael dans la poche latérale de son sac et le fourra dans celle cachée dans son short de course.
— Dois-je te rappeler d’utiliser des préservatifs ?
Une rougeur couleur cerise éclata dans le cou de Michael et arriva à pleine floraison sur son visage. Jake éclata de rire.
— Appelle-moi, je veux savoir que tu vas bien. Bonne chance, mec.
Michael le regarda s’éloigner. Jake avait pris soin de lui durant toute sa vie. Et il avait raison. Michael devait faire plus attention à ce qui se passait autour de lui.
Il releva les yeux vers les tribunes et vit que Christy le regardait attentivement. Lorsque leurs regards se croisèrent, Christy se détourna rapidement. Bon sang, Michael avait voulu lui parler depuis le jour où il lui était rentré dedans, littéralement, mais n’avait pas été en mesure de trouver le courage.
Deux mois plus tôt, un matin, Michael était en chemin pour sa classe, lorsqu’il s’était rendu compte qu’il avait laissé son devoir de littérature anglaise dans la voiture. En se retournant brusquement pour revenir vers le parking, il avait percuté Christy de plein fouet. Il avait trébuché, manquant de les envoyer tous les deux au sol, mais rapidement, il l’avait attrapé par le bras pour le stabiliser.
— Désolé, mec, je ne t’avais pas vu.
Puis Michael l’avait regardé. Les yeux de Christy brillaient dans le soleil du matin, aussi scintillants que les eaux cristallines des Caraïbes. Hypnotisé, Michael n’avait pu retenir les mots qui s’étaient échappés de sa bouche.
— Tes yeux sont incroyables.
Un sourire timide était apparu sur le visage divin et, après un moment, l’incertitude avait empli ses yeux. Embarrassé, Michael avait lâché :
— Désolé, mec.
Christy avait seulement hoché la tête avant de s’éloigner. Depuis ce matin fatidique, le joli Christy avait été l’objet du désir de Michael, faisant des apparitions nocturnes dans ses rêves et des ravages sur son… eh bien, vous savez…
Michael s’était donné pour mission de découvrir tout ce qu’il pouvait sur Christy. Ce qui était très peu, comme Jake l’avait souligné, personne ne savait grand-chose. De plus, si Madame Thomas, la secrétaire du directeur n’avait pas appelé Christy un jour où Michael se trouvait à proximité, il ne connaîtrait même pas son prénom.
Michael essuya ses mains moites sur son short, surpris de constater que son habituelle confiance en lui avait pris la fuite. Il regarda autour de lui et plia les doigts. Indécis, il soupesa soigneusement ses options. Il n’y avait plus personne sur le terrain. Agis en homme, Michael. Bouge ton cul.
Parfois, il voulait étouffer la petite voix dans sa tête. Laissant échapper un long soupir nerveux, il grimpa les gradins, regardant où il posait ses pieds alors qu’il se dirigeait vers Christy.


Chapitre deux

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